
Affiche contre Nessma TV sur les murs de la Medina à Kairouan. Photo Nicolas Fauqué pour le Monde
Favori des sondages pour les élections à l’Assemblée constituante du 23 octobre, le parti islamiste Ennahda « condamne » la violence dont ont étés victimes la chaîne de télévision Nessma TV et son patron Nabil Karoui, mais dénonce une « manipulation ».
A l’issue de la prière, vendredi 14 janvier, de nouvelles manifestations ont été organisées dans plusieurs villes tunisiennes, à Sousse, Monastir, et notamment à Kairouan où des affiches avaient été placardées sur les murs de la Medina pour réclamer la « fermeture totale et définitive » de la « chaîne des francs-maçons ». A Tunis, plusieurs centaines de personnes ont été dispersées par la police qui a fait usage de bombes lacrymogènes.
Un groupe dépeint comme des salafistes s’est ensuite rendu au domicile de Nabil Karoui. Selon le ministère de l’intérieur tunisien, la portée d’entrée de sa maison a été forcée, et ces carreaux brisés. D’après des témoins, la femme de ménage qui se trouvait à l’intérieur aurait été malmenée. Cinq personnes ont été arrêtées.
Ces troubles font suite à la diffusion, le 7 octobre, sur Nessma TV, du film franco-iranien Persépolis, dans lequel Dieu apparaît sous les traits d'un vieillard barbu, une représentation de la divinité que l'islam proscrit. Après une première manifestation, Nabil Karoui, avait présenté ses excuses aux tunisiens. Nessma TV a été créée en 2007, pour diffuser la Star Academy.
Pour Hamadi Jebali, secrétaire général d’Ennahda rencontré à Sousse, où il mène campagne comme tête de liste, le choix de diffuser ce film par la chaîne, une semaine après le début de la campagne officielle pour les élections, « n’avait rien d’innocent ». « Nessma, assène-t-il, a choisi l’occasion pour manipuler, pousser les gens à la violence et dire ensuite que les Tunisiens ne sont pas prêts pour la démocratie ». Sûr de sa victoire, le parti islamiste a multiplié les appels au calme auprès de ses militants.
D'après Lemonde.fr